Le Transsibérien est l’un des voyages en train les plus emblématiques au monde – il figure sur la bucket list de beaucoup de voyageurs et si vous lisez ceci, c’est qu’il est sûrement sur la votre aussi !
Pendant l’hiver 2015 – 2016, j’ai passé quatre mois à voyager en solo à travers la Russie, vers le Nord jusqu’à Mourmansk, puis à l’extrême Est jusqu’à Vladivostok, j’ai fait près de 50 arrêts et passé des centaines d’heures en platskart, la 3e classe des trains Russe. Fatiguant mais fabuleux !
Voici une liste de mes 12 arrêts préférés entre Moscou et Vladivostok, y compris quelques petits détours hors de la voie ferrée qui à mon avis ne doivent pas être pas manqués si vous voyagez sur le Transsibérien !
Dernière mise à jour : 22/04/2024
Une assurance est obligatoire pour voyager en Russie et faire une demande de visa (et d’e-visa)
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Le Transsibérien en bref
Tout d’abord, soyons honnêtes : on s’ennui un peu pendant le trajet !
C’est vrai, qui ne s’ennuierai pas en étant coincé dans un wagon surchauffé avec 50 autres personnes et sans intimité pendant 72 heures d’affilées ?
A moins de vous trouver des potes russes pour partager une bouteille (c’est interdit d’ailleurs) ou de faire un cours intensif de russe avec la babouchka de la couchette voisine (qui vous nourrira sûrement de biscuits et chai), vous allez forcément vous ennuyez un peu après avoir regardé la Sibérie passer pendant des heures.
Les paysages sont à peu près les mêmes d’un bout à l’autre du trajet : désert plat, forêts de bouleaux, villages aux isbas à moitié brûlés … Les arrêts sont la meilleure partie d’un voyage sur le Transsibérien.
Les gens, froid à première vue mais au final très sympas font partie intégrante du voyage. Cette traversée transcontinental peut être une aventure pour vous, mais gardez à l’esprit qu’il s’agit d’un véritable mode de transport pour les locaux.
Vous pouvez payer 300 euros pour vos billets de train pour voyager à travers la Sibérie, mais 300 euros représentent un mois de salaire pour de nombreux russes et prendre le train est souvent l’option la plus accessible financièrement pour eux.
Réservez vos billets de train
Heureusement, depuis 2018, les trains circulent à l’heure locale et non plus à l’heure de Moscou. Ça rendait le voyage très compliqué, la Russie a 11 fuseaux horaires quand même !
Vous n’avez pas besoin d’une agence de voyage pour planifier ce voyage, vous pouvez réserver vous-même vos billets directement sur le site officiel RZD de la compagnie ferroviaire nationale si vous possédez une carte bancaire russe, ou sur Russiantrain.com/fr avec une CB Visa/Mastercard.
Je pense qu’il est préférable d’avoir une version papier de votre billet électronique pour plusieurs raisons :
Il n’y a pas de « billet unique spécial Transsibérien » où vous pouvez monter et descendre quand et où vous voulez. Vous devrez réserver chaque trajet entre deux villes individuellement.
Les trains s’arrêtent parfois pendant quelques minutes et jusqu’à une heure dans les grandes villes mais vous n’aurez pas vraiment le temps d’explorer quoi que ce soit, seulement le temps de prendre l’air sur le quai, acheter de la nourriture, vous dégourdir les jambes et remonter dans le train .
Couchette du bas ou du haut ? Ça dépend vraiment de vous, mais la plupart de votre temps dans le train sera consacré à dormir, lire, boire du chai et bavarder avec vos nouveaux amis de wagon. Les couchettes du bas sont censés permettre aux voyageurs des couchettes du haut de s’asseoir et d’utiliser la table pour manger, etc. Attendez-vous donc à ce que des inconnus s’assoient sur votre lit pendant la journée.
Je vous déconseille de réserver des couchettes à proximité des toilettes. Vous ne voulez pas entendre la porte claquer jour et nuit et autre …
Dans les trains, tous les passagers reçoivent des draps, une taie oreiller et une petite serviette éponge propres; et des matelas et oreillers sont à disposition.
Voyager en été ou hiver ?
J’ai voyagé à travers la Russie à peu près à toutes les saisons, mais je ne suis allée en Sibérie qu’en hiver.
L’hiver en Sibérie signifie températures glaciales et à moins que si vous veniez du Canada ou de Scandinavie, vous n’avez jamais connu auparavant. On peut marcher sur le lac le plus profond du monde et admirez chaque jour de blanc paysages hivernaux à couper le souffle.
Ça veut également dire beaucoup moins de touristes, peut-être même aucun, et donc c’est beaucoup plus simple plannifier et réserver trains et hébergements, à la dernière minute.
L’été a aussi ses avantages. Vous n’aurez pas besoin de vêtements particuliers pour le voyage, les jours sont beaucoup plus longs, la randonnée et le camping seront bien-sûr plus facile à faire et aucune rues glacées dangereuses où vous casser le coccyx !
Conseils
La provodnitsa fait son travail, les trains partent à l’heure (la RZD c’est l’opposé de la SNCF), il y a toujours de l’eau chaude dans le samovar, les wagons sont propres etc.
Non, elle ne vous sourira probablement pas en montant dans le train parce que ça ne se fait tout simplement pas partie de la culture russe de sourire à un(e) inconnu(e), et elle ne parlera probablement pas anglais/français. Mais demandez lui n’importe quoi, n’importe quel service, elle sera là pour vous !
Les meilleurs arrêts
Voici une liste non-exhaustives des meilleurs arrêts à faire sur le Transsibérien (selon moi et évidemment, il y a des tonnes d’autres arrêts sympas à faire). Cette liste est faite selon mes goûts, centres intérêts et expériences personnelles. Les détours hors de la voie ferrée principale que je mentionne sont faciles à faire, et l’un d’eux est même nécessaire … Qui irait en Sibérie sans voir le lac Baïkal ?
Nijni Novgorod
Nijni Novgorod ou simplement Nijni comme l’appellent les habitants, a été fondée au XIIIème siècle. La plus grande ville de la Volga est devenue le principal centre commercial de l’Empire Russe où les prix des produits comme le thé & fourrures étaient décidés et échangés.
Nijny Novgorod était une ville Soviétique fermée rebaptisée Gorki – le célèbre écrivain y est né – jusqu’en 1991 où été produit la plupart des équipements militaires et des munitions de l’époque.
Aujourd’hui, vous pouvez vous y promener librement, profiter du joli centre historique et des 13 tours du Kremlin, prendre un café et manger dans l’un des nombreux cafés branchés de la rue Bolshaya Pokrovskaya, regarder le coucher de soleil depuis le Split des rivières Oka et Volga etc.
• J’ai écrit un guide de voyage détaillé sur Nijni Novgorod avec le top 13 des lieux incontournables
Kazan
Manquer Kazan serait comme manquer Baïkal en voyageant sur le Transsibérien. La capitale de la République du Tatarstan porte le nom de son principal groupe ethnique, les Tatars.
Les Tatars sont les descendants des tribus turques et ont fait partie de la Horde d’Or de Gengis Khan pendant trois siècles jusqu’à ce qu’elle soit conquise par Ivan le terrible à la fin du XVIe siècle et incluse dans le Empire Russe. La population est alors connue sous le nom de Tatars de la Volga.
Le nationalisme et la fierté culturelle y sont forts, vous verrez des panneaux bilingues tatar/russe en vous promenant dans la ville.
L’Istanbul de Russie est un carrefour de civilisations et de cultures, le meilleur exemple est probablement le Kremlin, un site de l’UNESCO où la mosquée Kul Sharif est juste à côté d’une cathédrale et d’une église Orthodoxe. Pendant votre séjour à Kazan, vous devez également goûter la cuisine Tatare, comme par exemple le plov et le célèbre Chak – Chak connu dans toute la Russie !
Il y a beaucoup de choses à voir et d’histoire apprendre à Kazan et vous pouvez tout à fait passer quelques jours en ville si vous avez le temps.
Bolgar
Avez-vous déjà entendu parler de l’autre Bulgarie ? Celle en Russie ?
Elles sont en fait apparentées, de lointaines cousines. Sous le Khan Koubrat, l’Empire Bulgare s’étendait jusqu’à la mer Noire. L’empire a été divisé par ses 5 fils, l’un a crée avec succès ce que la Bulgarie est aujourd’hui et un autre a construit la ville de Bolgar, au sud de Kazan au bord de la Volga.
La population s’est fait connaître sous le nom de Bulgares de la Volga.
Au Ier siècle, le Khan au pouvoir s’est converti à l’Islam et a construit de nombreuses mosquées et madrasas. L’endroit est devenu un passage important sur la route de la soie et le centre de la civilisation islamique en Europe de l’Est.
Aujourd’hui, elle est toujours considérée comme un lieu islamique important et de nombreux Tatars font un pèlerinage à Bolgar. Ça vaut bien un petit détour hors du Trans-Sibérien !
Tobolsk
Oui, j’ai volontairement ignoré Yékaterinbourg. À moins que vous ne soyez intéressé par le lieu où a été tuée la famille Romanov, c’est simplement une grande ville de plus à mon avis.
Tobolsk en revanche est la capitale historique de la Sibérie. La vieille ville est évidemment la partie la plus intéressante. Fondée au XVIème siècle, on peut y découvrir le magnifique Kremlin entouré de murs blancs et d’anciennes maisons en bois qui font pensé à un village typique.
Il y a des trains directs depuis Tiomen, aucune excuse pour ne pas faire le détour !
Tomsk
Encore une fois, j’ai sauté une ville importante, Novossibirsk. La capitale de la Sibérie d’aujourd’hui est pour moi une ville géante sans importance touristique, surtout si vous n’avez que quelques semaines sur le Transsibérien, ne perdez pas votre temps là bas.
Continuez un peu plus loin pour visiter Tomsk, probablement l’une des villes les plus agréables de Sibérie. Elle a été fondée au XVIIème siècle par les Cosaques et est devenue une ville importante sur la « Sibirski trakt » – la route de Sibérie, où les marchandises voyageaient de la Chine vers la Russie occidentale.
Exploitation d’or, lieu d’exil politique et désormais centre intellectuel avec de nombreuses universités, il y a tellement à apprendre sur l’histoire de Tomsk. Découvrez ses superbes maisons en bois aux fenêtres sculptées, ses beaux bâtiments commerciaux et il y a même un quartier historique musulman !
Krasnoïarsk
La ville de Krasnoïarsk elle-même n’a pas grand intérêt, mais la nature à l’extérieur est la vraie bonne raison de s’y arrêter.
Après avoir passé autant de temps dans le train, vous devez absolument vous dégourdir les jambes dans le parc national de Stolby juste en dehors de la ville. Stolby signifie littéralement piliers en russe.
Une petite randonnée (vous pouvez même prendre un téléphérique) sur des sentiers bien balisés à travers l’épaisse forêt vous mènera à de géants piliers de pierres millénaires. Consultez le site officiel pour plus d’informations sur le parc.
Irkoutsk
Malheureusement Irkoutsk est souvent considérée par de nombreux touristes comme une simple porte d’accès vers le Baïkal.
Fondée au XVIIe siècle par les Cosaques pour établir l’autorité russe sur les Bouriates locaux, la ville est devenue un lieu d’exil politique après le soulèvement des Décembristes au XIXe siècle. Un autre carrefour des cultures en Russie !
Vous y trouverez de jolies demeures Décembristes, certaines transformées en musées, et des églises Orthodoxes particulières aux influences bouddhistes bien visibles. Le centre-ville est très agréable et accessible à pieds pour passer quelques jours avant de se rendre au Baïkal.
L’île d’Olkhon
Que serait un voyage en Sibérie sans voir le lac le plus profond du monde : Baïkal !
L’île d’Olkhon est l’endroit le plus connu pour avoir un bon aperçu du lac Baïkal (d’accord, il y a aussi Listvianka mais c’est honnêtement très bof) et pour de bonnes raisons. En été, elle est accessible en ferry, mais en hiver, vous pouvez y aller directement en marshroutka via une route de glace sur le lac contrôlée par le gouvernement pour atteindre l’île.
Le centre du chamanisme en Sibérie est d’une beauté époustouflante, des steppes et de la taïga, des légendes anciennes … l’ïle est considéré par les Bouriates comme « un lieu d’énergie » et sacré pour les pèlerinages; ils lient leurs origines au Baïkal et à sa nature.
Oulan – Oudé
La capitale de la République Bouriate est l’endroit où se rencontre architectures bouddhiste et soviétique.
Les Bouriates sont d’origines mongole et parlent une langue turque. Ils peuvent être divisés en deux groupes : les Bouriates occidentaux qui ont conservés leurs croyances chamaniques traditionnelles comme sur l’île d’Olkhon, et les Bouriates orientaux comme à Oulan – Oudé qui se sont convertis au bouddisme de style Tibétain mais conservent toujours beaucoup de croyances chamaniques.
À Oulan – Oudé, vous pouvez en savoir plus sur la culture Bouriate au musée local, visiter les nombreux Datsans (temple bouddhiste) de la ville qui ont été reconstruits après avoir été détruits pendant l’époque Soviétique, voir la plus grande statue de la tête (oui juste la tête) de Lénine au monde – vous ne pouvez pas la manquer de toute façon – et goûter à la cuisine Bouriate !
Un endroit fascinant à ne pas manquer !
La vallée de Bargouzine
Vous pensez sûrement que c’est un très grand détour. Mais ça vaut vraiment le coup, promis ! J’ai eu la chance de passer quelques jours dans la vallée.
L’endroit est unique, les gens sont sympas, vous pouvez marcher dans des fôrets aux troncs d’arbres couverts de rubans colorés, discuter et boire un chai au lait avec des moines bouddhistes … une expérience unique hors des sentiers battus à coup sûr !
La vallée de Bargouzine est située au nord d’Oulan – Oudé sur le versant oriental du Baïkal. C’est censé être le lieu de naissance de la mère de Gengis Khan. Couvert de montagnes, forêt, toundra et taïga, l’endroit est parfait pour les amoureux de nature ! La vallée compte de nombreux datsans et lieux sacrés pour les habitants.
Si vous le pouvez, allez visiter ces endroits avec un(e) Bouriate local(e) pour éviter tout faux pas !
Birobidjan
Vous – avez déjà entendu parler du Birobidjan ?
Le Birobidjan c’est à dire l’Oblast Autonome Juif est le premier « état » juif (ayant eu un niveau d’autonomie variable au fil des ans), établi 20 ans avant Israël par Staline qui a trouvé un excellent moyen de se débarrasser des Juifs en Union Soviétique occidentale ! Il leur a offert un morceau de terre désert et marécageux à l’extrême Est de la Sibérie.
La capitale de l’Oblast s’appelle aussi Birobidjan et ses langues officielles sont le russe et le yiddish même si une infime population Juive y vit aujourd’hui.
C’est pile sur le trajet du Transsibérien vers Vladivostock. Descendez du train même pour une journée pour voir ce curieux Israël sibérien ! Le nom de la gare est écrit en yiddish, il y a une grande menora sur la place de la ville et on peut y rencontrer de sympathiques petits vieux qui portent des kippas et parlent yiddish !
Vladivostock
« Nous ne sommes pas loin de Moscou – C’est Moscou qui est loin » m’a dit mon hôte russe aux longs cheveux blonds.
Terminus, le Transsibérien s’arrête là. Vous avez atteint l’océan Pacifique après 9288 kms en train depuis Moscou. Mais ne considérez pas Vladivostok seulement comme un point d’arrivée.
Vladivostok c’est l’Europe au nord de l’Asie, une atmosphère agréable et décontractée, avec un énorme melting-pot de gens, une cuisine internationale, de nombreux bars branchés pour boire un coup et vous amusez avec vos nouveaux amis russes anglophones ! Car oui, d’après mon expérience, avec la Tchétchénie c’est l’un des rares endroits en Russie où les jeunes n’ont pas peur de parler anglais !
Quelle chance après des jours de galère à discuter avec des babouchkas et cinquantenaires dans le train !
Autres itinéraires
Il y a d’autres itinéraires de voyages ferroviaires en Russie, y compris en Sibérie, qui ne font pas partie de la ligne du Transsibérien « original ». En voici quelques-uns si vous souhaitez ajouter encore plus de destinations hors des sentiers battus à votre itinéraire de base.
Le BAM
Le Baïkal – Amur Magistral passe par le nord du Baïkal via Severobaikalsk. Il rejoint la voie principale à Khabarosvk pour ensuite atteindre Vladivostok.
Pourquoi emprunter la route du BAM : le nord du Baïkal offre les plus belles vues sur le lac ! Et ce n’est pas juste moi qui le dit, mais les locaux aussi. Il y a de jolis villages de pêcheurs et aucun touriste !
Vous avez déjà entendu parler d’un désert de sable entouré de montagnes au milieu de la Sibérie ? Maintenant oui, ça s’appelle les Sables de Chara et c’est entouré par les montagnes Kadar !
L’AYaM
L’Amouro-Yakoutskaya Magistral est accessible depuis Tynda sur la ligne du BAM. Elle est partiellement terminée et vous pouvez rejoindre la ville de Nijni Bestyakh, qui se trouve juste en face de Yakoutsk, de l’autre côté de la Lena, la capitale de la République de Sakha, alias la ville habitée la plus froide du monde !
L’Arktika
Le train de l’Arctique. Il va de Moscou à Mourmansk au dessus du cercle polaire arctique en passant par Saint-Pétersbourg. Mourmansk est la plus grande ville du monde au dessus du cercle polaire, l’un des meilleurs endroits pour voir des aurores boréales.
Si vous recherchez à faire l’exprience de longues nuits d’hiver glaciales éclairées par d’incroyable phénomène dans le ciel, l’Arktika pourrait être un excellent voyage en train pour vous !
Voyager sur le Transsibérien est une expérience unique et j’espère vraiment que ce guide vous aidera à plannifer votre voyage !
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