Carnet de voyage : De Kaliningrad à la péninsule de Kola. Partie 1

Carnet de voyage : De Kaliningrad à la péninsule de Kola. Partie 1


Voyager de Kaliningrad à Teriberka en un mois. Mon itinéraire est simple : partir de l’enclave de Kaliningrad en plein cœur de l’Europe pour rejoindre le village de Teriberka au bord de la mer de Barents à l’extrême nord de la péninsule de Kola.

Croyez-le ou non, gérer un blog est une expérience formidable, mais j’ai passé une importante partie de l’année dernière à écrire sur ce que les gens et Google voulaient lire. Une grande majorité des lecteurs recherchent des informations pratiques pour visiter Moscou et Saint-Pétersbourg, c’est tout. Et moi, les endroits qui m’intéressent le plus se trouvent bien au-delà de ces villes.

Cet article et les 3 suivants seront plus personnels. Des carnets de route des plus simples : mon voyage, quelques réflexions et photos.

Voici la première partie du voyage : Kaliningrad


Jour 1 : de Gdańsk en Pologne à la ville de Kaliningrad

Kaliningrad, si proche et pourtant si loin. Une anomalie géopolitique. C’est sur ma bucket list depuis un bon bout de temps, mais aujourd’hui je trouve le moment propice; l’enclave russe est redevenue un avant-poste militaire armé jusqu’aux dents, complètement encerclé par l’OTAN et le continent européen semble au bord d’une troisième guerre mondiale. Le moment par-fait.

J’ai pris l’avion hier de Paris à Gdańsk (l’allemande Danzing d’avant guerre). Je suis souvent passé par la Pologne ces 10 dernières années sans jamais vraiment m’y attarder. Une prochaine fois peut-être. Départ à 9h de Gdansk en bus vers la frontière où 3 des 4 agents dormaient avachi dans leurs fauteils si bien qu’on a mis 45 minutes pour passer tout le monde alors qu’il n’y avait pas un chat à la frontière. Côté russe ça n’a pas été beaucoup plus vite, 2 guérites d’ouvertes seulement. L’agente sympa ne pas posé aucune question sauf « vous êtes née en France ? », bah oui c’est marqué Madame.

Arrivée à Kaliningrad (Königsberg avant 1946) et accueillie par une grande statue de l’ancien président du Soviet Supreme d’URSS, Mikhail Kalinine avec la faucille et le marteau. Pas de doute je suis bien en Russie ! Après une balade sur Leninsky Prospekt je rejoins enfin le centre ville et l’île de Kant. Me voilà devant LE symbole de la ville, la très grande cathédrale de Königsberg toute faite de briques. C’est bizarre de se dire que c’est la Russie, loin des églises à bulbes colorés, ce pays me surprendra toujours.

Je pose mon sac dans un petite auberge à 2 pas du centre-ville, 2 fois moins cher que la veille en Pologne et surtout 2 fois plus propre; bonus pas de vieux bonhomme qui ronfle au dessus de moi, cette fois-ci j’ai droit à une baboushka chiante.

Je pars me balader dans le « nouvel ancien centre-ville », puisqu’il a quasi entièrement été bombardé par les alliés anglais et achevé par les soviétique entre 1941-44. Le « Rybnaya Derevnya » – village de pêcheurs est « traditionnel » mais tout neuf et se trouve coincé entre la « Naberejnaya Veteranov » (quai vétéran) et « oulitsa Oktyabrskaya » (rue d’octobre), la moitié des célèbres 7 ponts de Königsberg ont disparus, la totalité des rues, parcs et places ont été rebaptisées, la « Adolphe Hitler Platz » s’est transformée en « Ploshad Pobedy » (Place de la Victoire) et flanquée d’un oblélisque XXL comme celui de St Petersbourg. Bref, c’est curieux ce mix d’architectures et de noms soviétiques !

J’ai changé de l’argent dans un bureau de change qu’on m’a conseillé (impossible de trouver des roubles russes à Gdansk, mais j’ai pu changé un reste de shekel israéliens trouvés au fond du placard pour des zloty polonais. (Deux poids deux mesures) : 1€ pour 100₽, je n’ai jamais eu un taux pareil officiellement.

Le ciel est bleu immaculé, l’ambiance est tranquille.

Jour 2 : Visite de Kaliningrad

Longue balade autour des vielles fortifications de Königsberg, tours, forts, bastions du 17eme qui n’ont étaient protégés que tard par les soviets. Certains sont en bon état, ouverts avec un musée à l’intérieur, d’autres servent de marché pour tout et rien, et ont marche littéralement sur les anciens murs de fornications où des arbres ont poussés … Déjeuné : J’ai mangé les célèbres « klopes de Königsberg » dans resto prussien/allemand recommandé, bof, de la bouffe allemande quoi. Le service toujours aussi moyen en Russie, ça me fait faire des économies sur les pouboires. La moitié des routes de la ville ont l’air d’être pavé, ça fait un vacarme terrible et je vois vraiment très peu de femmes en talons. Coincidence ? Le tram s’arrête au milieu d’une 4 voies, la plupart des trottoirs sont divisés en 2 ou plutôt en 4, une partie pour les piétons l’autre en piste cyclable. Un joyeux bordel mais ça a l’air de fonctionner assez bien.

Après-midi direction le quartier d’Amalienau, assez peu touché pendant la guerre, c’était le quartier résidentiel des riches avec de belles villas d’architectes du début du 20eme. Certaines sont vraiment très belles, elles ont conservé le style d’origine et d’autres sont dans leur jus. Le quartier est traversé de part et d’autre par la propsket pobedy entièrement pavée. Pour le calme on repassera.

Il fait 25 degrés, j’ai pas vraiment prévu de fringes d’été dans mon sac.

Jour 3 : Sovietsk, à la frontière Lithuanienne

Sovietsk anciennement Tilsit (le fromage!). Hier lieu de rencontre des empereurs Napoléon et du Tsar Alexandre 1er, aujourd’hui guerres des drapeaux de part et d’autre du fleuve Niémen (le nom du régiment Normandie – Niémen vient de là). Côté russe signe Z au couleur du ruban de Saint George flanqué sur un batiment prussien; à deux pas de là des drapeaux du groupe Wagner qui flottent au vent. En face, côté Lithuanien, le drapeau du pays et celui de l’Ukraine côte à côte … Et au travers du célèbre Niémen le magnifique pont de la reine Louise ! Par miracle les allemands n’ont pas bombardé cette splendide porte mais le reste du pont pour freiner l’avancée des rouges.

De retour à Kaliningrad je suis allé voir un concert d’orgue dans la Cathédrale de Königsberg, pour 600 roubles j’en ai eu pour mon argent. L’intérieur de la cathédrale est un peu décevant, elle a était en partie reconstruite et desacralisée. Ça se ressent, il manque un truc. Après j’imagine que c’était soit ça, soit elle passée sous la main de l’église orthodoxe russe et ils lui collait des fresques et icones de partout. Mais le concert d’orgue, woaouh, hyper impressionnant, j’ai adoré !

Jour 4 : Chernyakhosvk et Gvardeivsk

Respectivement les villes d’Insterbourg et Tapiau. J’ai visité la première le matin, rue principale Lénine est entièrement pavé, ça un bruit ! Y’a pas mal de vieux bâtiments prussiens ça et là et les ruines du château Teutonique, j’ai bien aimé la ville, petite et calme comparé à Kaliningrad. Vers midi bus direction Gvardeïvsk (quelle galère à prononcé!). Déjeuner à côté du château de Tapiau, enfin un château Teutonique pas entièrement en ruine ! « Soupe froide Lithuanienne », ça ressemblé étrangement à la soupe Karaïte goûtée à Yevpatoria en Crimée. Les lituaniens ont pas un peu piqué l’idée aux Karaïtes qui ont émigrés chez eux par hasard ?

La ville de Gvardeïvsk n’a pas été bombardée et ça se voit! J’ai eu un pincement au coeur en voyant la place du marché renommé encore une fois Ploshad Pobedy, place de la Victoire. C’est une place de marché classique avec son église comme on en trouve partout chez nous ou en Allemagne. Jusque là les villes que j’ai vu ont tellement étaient soviétisées et russifiées que ça ne me choqué pas. Là c’est différent.

Retour à Kaliningrad à 17h30 devant les bureaux du FSB pour mon permis d’accès à la ville de Baltiysk. Si seulement les resto avaient la même qualité de service que le FSB ! Apparemment m’a demande faite par email a dû atterir dans les spams, l’agent m’a tout réimprimé et m’a patiement aidé à re-remplir les formulaires en russe. Trop gentil !

Jour 5 : la station balnéaire de Zélénogradsk

LA station balnéaire de Kaliningrad. Absolument tout est fait pour les touristes; cafés et resto de partout, boutiques à souvenirs en veux tu en voilà. Y’a quand même des jolies rues avec des maisons et bâtiments prussiens. Il y a une obession sur les chats ici, des matous partout, des vrais mais aussi peint sur les murs, en statues devant les maisons et même sur les plaques d’égouts.

Mon auberge est top, tenu par une grosse dame un peu brute de décoffrage mais super sympa, elle connaît 2 mots en anglais : milk et excuse me 😅. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas me donner le papier d’enregistrement parce qu’elle ne peut pas le faire dans son système informatique, je lui ai donc dit de laisser tomber. Je m’en fou et elle aussi apparemment.

La plage et la promenade sont bondés, j’aurai peut être pas dû venir un week end. Les babouchkas vendent assez cher des fruits de leur jardins aux touristes de passage : des pommes, du sureau, même des cynorrhodons. Les russes mangent-ils du gratte-cul comme des sémitchkis ?

Jour 6 : isthme de Courlande

Je me suis rendue compte qu’on était dimanche du coup réveil super tôt pour prendre le premier bus pour le parc national de Courlande et éviter au possible la foule de visiteurs. Le chauffeur trop sympa ma donné 2 3 conseils, il y a une route où les bus passent plus ou moins toutes les heures et s’arrêtent presque toujours aux points d’intérêts.

Je suis allée au bout de l’isthme, à côté du village de Morskoye et de la frontière lithuanienne fermée jusqu’à nouvel ordre. Il y a 4 écotrails de quelques kilometers sur isthme, le premier et celui que j’ai préféré Visota Efa est un point de vue sur le lagon et les dunes de sable, superbe et forcément très calme, il n’y avait personne sauf … un chat. J’ai croisé 3 personnes seules sur le parcours, je me suis bien retenu de dire bonjour, la dernière fois que j’ai fais ça en russie le vieux m’avait répondu « je ne vous connais pas ». Ok.

J’ai trouvé les autres parcours un peu moins sympa et intéressant, en fait je pensais qu’il y avait plus de sable et moins de forêts sur l’isthme. Bien-sûr beaucoup trop de bruits avec le nombre de visiteurs pour voir quelconque animal et les panneaux sont malheureusement tous écrit en russe, sauf ceux où il est indiqué de ne pas sortir des sentiers balisés et ne pas jeter de déchets. Ils ont beau en mettre partout apparemment certains russes ne savent pas lire !

Jour 7 : Baltyisk, la ville la plus occidentale de Russie

Ils sont tous sympas ces chauffeurs de bus à Kaliningrad, où alors c’est mon accent et ma grammaire digne d’une enfant de 3 ans qui les fait sourire. Le trajet de Zélénogradsk à Baltyisk a pris 2h45 pour 50 bornes. On s’est arrêté dans tous les patelins possible.

Baltyisk, la ville la plus occidentale de Russie est également restreinte pour les étrangers puisque c’est la base navale de la flotte de la Baltique. C’est la Sébastopol de la baltique sauf qu’il faut un permis pour y aller, même si personne ne vérifie en montant dans le bus, il faut montrer pâte blanche à l’hôtel et au ferry pour aller à la presqu’île de la Vistule ou l’isthme de Baltique en russe.

La ville est relativement petite et hallelujah il y a très peu de touristes comparer à hier, y’a des militaires de partout, j’ai eu droit à un « diévoutchka, vous ne pouvez pas prendre de photo de ça, supprimez s’il vous le plaît », et il a vérifié que je supprimé bien la dite photo! Malheureusement pour moi, j’ai oublié de vérifier les jours pour visiter la forteresse de Pillau et c’est fermé aujourd’hui et demain, j’ai donc pris le vieux ferry à moitié rouillé pendant 5 minutes top chrono pour atterir de l’autre côté sur la presqu’île de la Vistule. Honnêtement, je préfère carrément celui là à l’isthme de Courlande. C’est sauvage, il y a 2 petits villages, un semblant de route, c’est calme, pas de panneaux pour indiquer les « lieux touristiques ».

Je suis allée à pieds jusqu’à l’ancienne base aérienne de Pillau-Neutief construite à la fin des années 30 par la Luftwaffe. Sur le chemin des babushkas au milieu des buissons qui font leur cueillette de cynorrhodons, argousiers et autre sureau. Le silence reigne devant les grands hangards à l’abandon mais on peut facilement s’imaginer les avions allemands et les réfugiés prussiens qui cherchaient de fuir l’avancée de l’armée rouge.

Dans la ville même de Baltyisk on trouve des arrêts de bus aux noms curieux : Komendatoura (kommandantour mais version Soviet) ou encore Dom Ofitserov (maison de l’officier) et des rues comme la rue de L’armée Rouge et la rue de l’artillerie … J’ai enfin trouvé un petit café normal à la russe, j’ai l’impression qu’à Kaliningrad tout est fait pour les touristes. Le menu tient sur une petite page et la serveuse super gentille. Plus les prix sont petits, meilleur est le service dans ce pays, aucune logique.

Jour 8 : Baltyisk et direction l’aéroport de Khabrovo

Baltyisk, le QG de la flotte de la Baltique est pourtant bien calme; plage de sable fin quasi déserte, seul un avion de chasse trouble le bruit des petites vagues, les gosses pêchent devant les navires de guerres où de jeunes soldats, sûrement leur grand frères, montent la garde. Il fait 20°C au soleil, je profite de la chaleur de ce début d’automne avant la fraîcheur du grand nord.

À Kaliningrad la vie est simple, tranquille, les gens sont toujours prêt à aider. Une province russe quoi, loin du tumulte de Moscou. Je reviendrais.

Je change mes « plans de voyages ». Je voulais prendre le ferry jusqu’à Oust-Louga au sud de st Petersbourg mais le bateau met 40 heures ! Je ne veux pas gâcher 2 jours de mon déjà court visa sur la mer, je prends donc l’avion. Le choix est vite fait à l’aéroport de Khabrovo, les avions partent pour 2 destinations : Moscou et st Petersbourg. Le duty free de ce petit aéroport national est bien fournis malgré les sanctions : il y a du Tobleron aux bouteilles de champagne en passant par les grands parfums célèbres.

Dasvidania Kaliningrad, da slédiouchi raz!

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