Carnet de voyage : De Kaliningrad à la péninsule de Kola. Partie 2

Carnet de voyage : De Kaliningrad à la péninsule de Kola. Partie 2


Voici la deuxième partie de mon voyage de Kaliningrad à Teriberka : la Carélie


Cliquez ici pour lire la partie 1 sur Kaliningrad


Jour 9 : Pétrozavodsk, capitale de la Carélie

La journée a été longue, j’ai quasi pas dormi. L’avion est arrivé avec 15 minutes d’avance à St Petersbourg; on peut critiquer la Russie sur beaucoup de points mais les transports en commun y sont efficaces!

J’ai eu juste le temps de sauter dans le dernier bus pour rejoindre la ville et prendre un taxi jusqu’à la gare de Ladojsky. C’était Fast and Furious version Yandex taxis sur la Moskovsky Prospekt, mon chauffeur avait mis Voyage voyage à fond dans les hauts parleurs en mon honneur et pilé comme tous les autres à chaque avertissement radar. Au lever du jour j’ai pris un train pas si rapide direction Pétrozavodsk la capitale de la Carélie sur les bords du lac Onega.

Midi, arrivée dans cette ville visitée il y a 9 ans. Je me souviens de peu sauf de mettre cassé la geule sur un trottoir gelé, du vent glaciale entre les rues à taille soviétique et de mon nouvel an au fin fond de la forêt carélienne avec une 30aine de jeunes russes. Qu’est ce qu’on c’était marré !

Pétrozavodsk au début de l’automne est très agréable (mais toujours ce vent!). Encore une fois il fait un temps superbe, ça ne va pas durer. Pas de bateaux pour Kiji demain ni après demain. Les joies d’un voyage hors saison. Fait ch*er! Consolation en mangeant une excellente Kalitka au tvorog (petite tarte carélienne au fromage) et limonade à la maroshka (baie de l’Arctique).


Jour 10 : Mèdvégégorsk, la montagne de l’ours

Pour un voyage réussie en Russie je dis toujours qu’il faut un visa, de l’argent liquide et des boules quies pour bien dormir dans le train ou une auberge. J’ai fais le tour de l’horloge dans mon lit d’auberge aux ressors qui m’ont percés les côtes. Aujourd’hui, improvisation. J’admire ces voyageurs qui plannifient au jour près et qui se tiennent au programme. 8h30, je me pointe à la gare routière, jette un oeil au tableau des départs : Kostomouchka, trop loin; Kalevala, ce sera pour la route du retour; Mèdvégégorsk, davaï!

Traversée des forêts caréliennes aux couleurs automnales, le ciel est plus sombre à chaque kilomètre. Voyager en Russie à cette periode de l’année , excellente ou très mauvaise idée ? Anciennement nommé « montagne de l’ours » Mèdvégégorsk est située tout au nord du lac Onega, des routes partent pour la Péninsule de Zaoniéjieé proche de Kiji. Mèdvégégorsk c’est un peu le genre de ville où sur le trajet Mourmansk – Sotchi tu sors du train à 3h du matin en tapatchki (claquettes) pour te dégourdir les jambes à la recherche d’une glace plombir. Les voyageurs ne s’y arrêtent pas, les guides occidentaux ne mentionnent même pas la ville.

Je nomme la gare de Mèdvégégorsk la vokzal la plus mignonne que j’ai vu jusqu’à ce jour. J’ai vu un husky faire du trampoline pour mieux m’observer derrière ses palissades. Dans les jardins on prépare le bois de chauffage pour l’hiver. La rue Kirova qui descend au lac est aux couleurs du drapeau carélien et les maisons en dehors du « centre-ville » sont principalement en bois avec des toits en tôle.

Déjeuner dans une cantine pour 330 roubles. J’ai digéré mon borsch en allant randonner sur la « montagne » Lysouchkha; superbe vues sur le lac et tunnels de la Grande Guerre Patriotique creusés dans la roche par les Finlandais.

J’ai trouvé un petit hôtel miteux pour 2000₽; ça se voit que la région est touristique, en temps normal dans une petite ville au fin fond du trou du c*l de la Russie (oui ici ça l’est un peu quand même) on trouve ce genre de chambre pour moitié prix. Ils font du vin en canettes maintenant les russes. Bof, ça se boit, on dirait un soda à 11%.

Jour 11 : Côte Est du lac Onega

-« Tu vas où? » – » à Povéniets » -« monte ! ». Me voilà partie en stop vers le sud du lac Onega, à la recherche de vieilles églises en bois carélienne dans les villages perdus au fond de la fôret. Il a fait un temps de chien toute la journée. Comme m’a dit un jour une vieille dame de Kirovsk « il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements ». Elle avait raison, je suis prête pour la pluie. « Tu veux voir l’entrée du canal qui relie le lac Onega à la mer Blanche? » Koniechno ! Kostya m’emmène sur un chemin défoncé, il connaît tous les pécheurs sur la digue. Première église, fermée. Deuxième église, fermée. Les villages sont déserts. Mais c’est vraiment très joli; les couleurs d’automne, les petites églises en bois, c’est bucolique à souhait.

Avant dernière destination en stop, Sergeï arrête son poids-lourd alors que je viens juste de tendre le pouce. Short-marcel, il est comme à la maison dans son camion, il part pour Gorno-Altaï, il peut se mettre à l’aise vu la distance. Il y transporte avec 2 autres gars en convois de la Shungite, un pseudo minérale aux propriétés non reconnus chez nous : filtration de l’eau, protection contre les radiations électromagnétiques de nos appareils électroniques et des mauvaises ondes de nos congénères.

Mon avant-dernier chauffeur en aurait bien eu besoin, il en voulait au monde entier de vivre loin de tout. On a tellement discuté et rigolé que j’en ai loupé mon église. Les afficionados de litothérapie diront que les 25 tonnes de cailloux dans la benne du camion y sont pour quelque chose. Il m’a fait cadeau d’un petit porte-clé avec un morceau de shungite. Arrivée à Vytegra, 2200 roubles pour un petit hôtel propre et chauffé.

Jour 12 : Côte ouest du lac Onega

Je rebrousse chemin, 40 kilomètres en arrière pour voir l’église St Eli dans le village de Saminsky Pogost loupée la veille. Fermée et habitée par des pigeons qui n’ont pas la clé. Vytegra, je traverse le canal de la Mer Blanche à pieds. Le temps se tient, il y a moins de voitures/camions sur cette portions de route. Pourquoi ? J’ai ma réponse 1h plus tard, il n’y a pas de route à proprement parler. Les poids lourds slalomment sur un chemin défoncé, doublés à plein vitesse par des gros 4×4 immatriculés dans la région de Leningrad (St Petersbourg).

Au croisement des routes de St Petersbourg à Petrozavodsk, c’est pire, personne ne s’arrêtent, derrière moi un chemin s’enfonce dans la forêt. Finalement Youri qui travaille pour la société qui fait les routes autour du lac Onega a pitié de ma petite personne. « L’asphalte arrive, mais c’est long, le pays est grand et on veut bien faire ».

Au village de Voznésénié, la route s’arrête net à la rivière; « Mais pourquoi il n’y a pas de pont? » – « pas d’argent » me dit mon chauffeur. On attend donc ¾ d’heure pour traverser en bac. De l’autre côté de la Svir, la même chose, le bitume n’est pas encore arrivé. Le long de la route c’est villages à moitiés vides, une énorme carrière de granite, des camions chargés de grumes, des petites églises en bois.

Retour à Pétrozavodsk, Youri insiste pour me payer une chambre d’hôtel « tu diras aux francais qu’on sait recevoir les invités en Russie! ». Chambre XXL, vue sur Onega, 5 fois mon budget hébergement. Spasiba

Jour 13 : dimanche pluvieux à Pétrozavodsk

Il fait un temps de chien mais il y a des bateaux pour Kiji. « C’est plein ! » me dit Olga, gamine arrogante de 20 ans pas foutu de me regarder quand elle me parle. Après 10 minutes de négociation, elle me laisse tout de même acheter un billet pour le lendemain.

Il tombe des cordes, je me refugie dans un café intérieur style XVIIIème. Dans un océan de jeunes Sveta, Tanya et autres Youlia toutes plus vaniteuses les unes que les autres (ce clash des générations pré/post URSS !), je rencontre Vestya, jeune serveuse blonde vénitienne au prénom unique, elle apprend le français et s’assoie avec moi pour papoter avant l’arrivée d’autres clients.

Il pleut toujours, je me fais un resto : soupe d’élan, beignet vespien, kalitka carélienne aux airelles. Fin de la pluie, je me balade dans le quartier historique Slobodka pour digérer mon déjeuné copieux.

Jour 14 : Kiji la désirée

Le pogost de Kiji, une merveille architecturale du Nord de la Russie. 

Le bateau part à l’heure, quasi plein. 1h15 pour rejoindre l’île, je déteste être sur un bateau mais l’eau est calme. Le pogost de kiji, enclos paroissiale du 17eme entièrement en bois est absolument grandiose ! L’église de la Transfiguration est la plus belle église que j’ai vu en Russie à ce jour. Époustouflante. 22 domes en bois de hêtre, des botchkas qui montent vers le ciel, le reflet du soleil sur les écailles la rende argentée. Les moudjiks d’antan ont du croire à une création divine en voyant la structure pour la première fois!

C’est le bordel dans les billets, la petite dame rigolotte de la kassa ne m’a vendue qu’un billet pour l’accès au Pogost et le territoire du musée, mais pas l’intérieur des bâtiments. Bizarre cette organisation. 99% des panneaux sont en russe. C’est dommage pour une site de l’UNESCO.

Retour à Pétrozavodsk trop tard pour attraper le train de 17h10 pour le Grand Nord.

Je prépare des articles super détaillés sur la Carélie : un guide de voyage sur la région, les meilleurs endroits à voir, comment visiter le Pogost de Kiji etc

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